Le week-end du 29 & 30 septembre 2018, j’ai eu la chance et le privilège de me rendre pour la première fois au Frames Festival à Avignon. Entre humour, vulgarisations et sujets de société, j’ai pu assister à un déluge de projections et discussions passionnantes durant cette troisième édition.
Frames Festival 2018 - image à la une

1er jour du Frames Festival 2018​

Arrivé sur place, le premier constat est sans appel. Avignon est une ville magnifique au sein de laquelle sont disséminés des morceaux d’Histoire, sur lesquels je n’ai malheureusement pas eu le temps de m’attarder tant que le week-end fut intense.

Après avoir récupéré les pass à l’accueil de l’impressionnant Palais des Papes (dont nous reparlerons plus tard), j’ai passé ma journée du samedi au cinéma Le Pandora.

Cinéma Le Pandora

Le premier créneau avec lequel j’ai débuté cette édition 2018 du Frames Festival était assuré par FloBer (auteur, réalisateur, comédien) qui nous a donné de nombreux et judicieux conseils sur l’écriture de fiction, synthèse de sa propre expérience, mais également recueillis auprès d’amis du métier (François Descraques, Davy Mourier et bien d’autres) et de livres références du genre.

Au bout d’une demi-heure riche en informations, FloBer nous a fait le privilège de découvrir en exclusivité le court-métrage de 20 minutes qu’il a réalisé : Eglandine, avec Natoo dans le rôle principal.

Il s’agit d’un documentaire fictif, qui met donc en scène le personnage d’Eglandine, une influenceuse pulpeuse, excentrique et légèrement stupide dans son ascension vers la célébrité.

Ce court-métrage est parfois immatureparfois touchant (l’un n’empêche pas l’autre), mais toujours drôle. Mention spéciale pour la prestation d’Audrey Pirault dans le rôle de Jeune et Julie, la rivale d’Eglandine, dont j’apprécie énormément le jeu.

J’ai ensuite assisté dans la même salle à une conférence de Patrick Baud alias Axolot, conteur de l’insolite sous toutes ses formes (dont je vous parlerai prochainement dans le n°1 d’un nouveau format #teaser) et membre de l’organisation du Frames Festival.

La première moitié de cette heure consistait en un petit bilan de cette année d’Etranges Escales, format dans lequel Patrick Baud parcourt les villes les plus célèbres du monde pour en dénicher les histoires les plus méconnues et mystérieuses.

Dans la seconde partie, j’ai eu la chance de découvrir en exclusivité temporaire (la vidéo est désormais disponible) le nouvel épisode consacré à la ville de Paris. Cet épisode inclut de nombreux guests : Kyan Khojandi, Adrien Ménielle, Bernard Werber et Cyrus North.

D’ailleurs, sans vouloir rabaisser l’intérêt que j’ai porté à la multitude de mystérieux et fabuleux récits que contient cet épisode, le moment qui m’a le plus marqué reste l’intervention d’Adrien Ménielle en sataniste. Cette scène prend d’ailleurs une dimension toute particulière quand on connaît les conditions dans lesquelles elle a été tournée.

À peine le temps d’avaler une salade sur un coin de trottoir, entouré de festivaliers et de bénévoles chauffeurs de foules très agréables, qu’il était déjà l’heure de retourner dans la salle principale du Pandora pour découvrir les épisodes 3 et 4 de la série Les Emmerdeurs.

Cette série est l’un des deux premières séries française avec le label YouTube Originals et donc disponible en exclusivité sur YouTube Premium (dont le premier mois est gratuit).

L’idée originale de cette série vient de Raphaël Descraques et Julien Josselin. Cependant, la série a été créée par Vladimir Rodionov, Julien Rizzo et Valentin Vincent, qui l’a également réalisée avec Morgan S Dalibert et écrite avec l’aide de FloBer en tant que script doctor. 

Valentin et FloBer (encore lui, et vous n’avez pas fini d’en entendre parler dans cet article) étaient présents sur place pour nous présenter ces deux épisodes prenants, visuellement très beaux et saupoudrés d’humour sans virer dans l’absurde. Car cette série est avant tout un récit grave se déroulant pendant la seconde guerre mondiale.

Les Emmerdeurs met en scène un groupe d’adolescents qui se retrouvent malencontreusement dotés de pouvoirs surhumains, mais provoquant chacun une contrepartie, composé de :

  • Constance (Justine Le Pottier) : manipule les gens comme des marionnettes, mais s’effondre et ne peut plus bouger pendant quelques instants
  • Manu (Paul Scarfoglio) : peut changer d’apparence, mais perd la mémoire de ces moments-là
  • Lauren (Camille Claris) : peut échanger des objets par la pensée, mais perd temporairement la vue
  • Pierrot (Grégoire Montana) : pouvoir indécis (pas de spoiler), mais pleure après chaque utilisation 

Ils sont accompagnés d’Albert alias Nemo, interprété par Sébastien Lalanne (Hero Corp) et rencontrent de nombreux personnages atypiques dans leur road trip dont les communistes, incarnés par David Salles, Julien Josselin, Nicolas Berno, Raphaël Carlier, Lucien Maine, Julien Pestel ainsi que tous les acteurs qui jouent les allemands et sont tous très justes.

J’ai depuis dévoré l’intégralité de la série que je vous conseille vivement tant Les Emmerdeurs est une série d’une grande qualité technique et artistique.

J’ai ensuite retrouvé Bruce Benamran de la chaîne E-penser pour une conférence très particulière intitulée : Impro et digressions.

Fidèle à son sujet, Bruce n’avait rien préparé. Malgré la difficulté de l’exercice, Bruce Benamran a assuré un monologue improvisé d’une petite heure duquel j’ai retiré une quantité impressionnante d’informations en tous genres, contées avec passion et pédagogie.

Même si je pense qu’il ne s’essaiera plus à cet exercice sous cette forme, j’espère le revoir d’une manière ou d’une autre sur scène, comme j’avais déjà par exemple pu le voir en première partie de l’Exoconférence d’Alexandre Astier.

La première journée s’est terminée avec une table ronde sur le thème « Les Youtubeurs et leurs problèmes psychologiques« , présentée par Léo Grasset (Dirtybiology), accompagné de :

  • Patrick Baud (Axolot)
  • Florence Porcel 
  • Aude Gogny Goubert (Aude GG)
  • Matthieu Pradalet (French Food Porn)
  • RealMyop (producteur de vidéos, boss de Nesblog)
  • Le capitaine du Nexus VI (dont je tairai le prénom qui a été léaké par Patrick Baud)
Une discussion intéressante et constructive, qui a mis en lumière un nouveau problème trop souvent pris à la légère. Bien que j’ai noté certaines divergences entre les intervenants, l’ambiance était globalement bienveillante et amusante.

À la fin de cette première journée, une fois installé dans un charmant Airbnb Avignonais, le bilan de mi-festival est excellent. Des conférences et projections passionnantes présentées par des personnes chaleureuses et bienveillantes dans un cadre atypique.

C’est vraiment unique de se balader dans le centre d’Avignon et de croiser Navo devant le Carrefour City ou encore François Theurel, Cyprien et bien d’autres au détour d’un couloir.

Je me mets à leur place et j’imagine que cela doit les changer des events habituels, à la moyenne d’âge beaucoup plus basse et se déroulant dans de grands entrepôts gris, et au sein desquels il est compliqué pour eux de se déplacer librement.

Au Frames Festival, l’écrasante majorité des personnes sont extrêmement respectueuses entre eux, mais aussi avec l’organisation, les bénévoles et les intervenants.

2ème jour du Frames Festival 2018

C’est après une courte nuit que la 2ème journée a commencé. Direction le Pandora (où je commence à me sentir à la maison) pour assister à la projection du court-métrage de 20 minutes issu de la même collection qu’Eglandine : Phantom Force.

Cet hommage, à la croisée entre Code Quantum et Le Rebelle, réinvente un épisode de série des années 90 sans jamais tomber dans la parodie. Pourtant tous les éléments sont présents :

  • Looks approximatifs
  • Doublage VF mal synchronisé 
  • Dialogues atypiques
  • Cascades exagérées
  • Combats peu crédibles
  • Effets spéciaux kitsch

Produit par le Studio Bagel et Canal +, Phantom Force a été écrit par Jérôme Niel et Adrien Ménielle, également acteurs principaux et tous deux présents pour la projection de ce court-métrage qui sera diffusé en mai 2019 sur Canal+ Décalé.

Suite à la projection, les deux auteurs de cette prouesse de médiocrité contrôlée nous ont confié de nombreux détails de production hilarants, comme par exemple devoir demander aux artistes de faire un travail de mauvaise qualité pour servir le propos de Phantom Force, mais aussi sur la réalisation en multilingue (anglais et espagnol au tournage, puis français au doublage).

J’ai enchaîné avec une nouvelle projection, celle de l’épisode 2 de Groom, toujours présentée par Jérôme Niel et Adrien Ménielle, rejoint par FloBer et Axel Maliverney.

Groom est donc la deuxième des deux séries françaises YouTube Originals (avec Les Emmerdeurs vu la veille). Bien que j’avais déjà vu la totalité des 10 épisodes, j’ai redécouvert avec grand plaisir cette série gentiment absurde et intelligente à la fois.

Si vous n’avez pas entendu parlé de Groom, cette série met en scène un trentenaire, fils de riche, qui se retrouve contraint de devoir travailler pour la première fois de sa vie dans l’hôtel de son père en tant que… Groom.

Le héros est interprété par le très bon Jérôme Niel, qui forme un trio comique de légende avec l’excellent Adrien Ménielle en concierge exigeant et coincé, ainsi que le cosmique Vincent Tirel en standardiste enfantin et premier degré.

Les trois comédiens sont drôles et justes, comme à l’accoutumé, mais également attachants et de plus en plus touchants à mesure que l’on approche de la fin de la saison.

Mais ce trio n’est pas la seule bonne chose à retirer de cette série. J’ai été agréablement surpris par les très bonnes prestations des deux comédiennes que je ne connaissais pas :

  • Constance Labbé en escort girl et love interest du héros
  • Marie Lanchas en femme de ménage névrosée

Chaque épisode contient plusieurs guests, de Marc Lavoine à Ludovik, en passant par Aude GG et Chris Marques. 

Groom ne se limite pas à une succession de séquences à sketch et construit une véritable narration ainsi qu’une construction des personnages soignée. Tout comme Les Emmerdeurs, Groom est disponible sur YouTube Premium dont le premier mois est gratuit.

Comme les autres projections, celle-ci s’est suivie d’une séance de Q&A très intéressantes en terme de détails de d’écriture, de production et de tournage.

C’est après cette matinée placée sous le signe de la comédie que j’ai enfin quitté, non sans émotion, le cinéma Le Pandora pour me rendre au gigantesque et fabuleux Palais des Papes.

Palais des papes

Arrivé au cœur de la salle conclave, nous avons plongé dans l’univers du cinéma et de la science-fiction avec la conférence de François Theurel (Fossoyeur de films) et R…, le capitaine du Nexus VI.

De Predator au Seigneur des anneaux en passant par l’œuvre de Kurosawa, les deux compères sont revenus sur les heureux hasards du cinéma, c’est-à-dire ces moments où des détails à priori complètement random, ont engendrés des références de la pop-culture.

L’ambiance était légère et conviviale dans cette salle atypique, comme vous pouvez le constater ci-dessous.

Je n’ai pas quitté le Palais des Pares puisque la suite était l’enregistrement d’un podcast de deux artistes que j’apprécie particulièrement : Kyan Khojandi et Bruno Muschio alias Navo.

Si ces noms ne vous disent rien, ce sont les deux cerveaux géniaux desquels sont sortis Bref, Bloqués et Serge Le Myhto notamment. Plus globalement, Navo est le co-auteur de Kyan (et d’autres humoristes comme Shirley Souagnon ou Greg Romano), dont je vous ai déjà parlé du spectacle Pulsions.

Le podcast donc, était le pilote d’un concept dans lequel Kyan Khojandi recoit un invité pour enregistrer un dernier podcast avant la fin du monde. L’exercice est efficace, la salle a ri très fort et je suis curieux d’écouter d’autres épisodes, même si c’était ici un peu facile tellement l’alchimie entre Kyan et Navo est palpable.

Le ping-pong de leurs discussions est incessant et devient de plus en plus complexe, si bien que les digressions sont souvent plus intéressantes que les sujets d’origine. En tout cas (j’ai failli écrire bref, sans faire exprès), je pourrais les écouter parler pendant des heures.

Pour conclure en beauté cette 3ème édition du Frames Festival, je suis resté à nouveau au premier rang de la salle conclave du Palais des Papes pour l’un des créneaux que j’attendais le plus : l’enregistrement d’un épisode du Floodcast de FloBer, que je voyais pour la 4ème fois du week-end pour mon plus grand plaisir.

Il était comme d’habitude accompagné du sniper et représentant du vrai hip-hop, Adrien Ménielle, mais également de trois invités :

  • Navo, l’homme à la plume trempée dans le vitriol et Némésis d’Adrien
  • Patrick Baud, le narrateur de l’insolite et distributeur d’anecdotes en tous genres
  • Valentin Vincent, imitateur officiel de Renaud et Johnny, mais accessoirement auteur/comédien/réalisateur de talent

Ces 5 individus passionnants ont abordé la question de l’honnêteté et du mensonge avec plus ou moins de discipline (ce qui fait la convivialité de ce format) avant de répondre aux questions du public et de terminer avec un blind-test des punchlines de Jean-Marie Bigard. Un épisode du Floodcast comme je les aime.

Cet épisode est d’ores et déjà disponible sur toutes les plateformes de podcasts.

Petite parenthèse avant de conclure, il y avait beaucoup de créneaux qui se déroulaient en parallèle de ceux dont j’ai parlé. J’ai donc du faire des choix. J’aurais aimé pouvoir en découvrir davantage, mais certains contenus sont trouvables, comme :

Conclusion du Frames Festival 2018

Le Frames Festival 2018 était un événement exceptionnel (et un peu irréel) duquel je garderai de nombreux souvenirs.

Le contenu m’a totalement comblé. Que ce soient les projections, les conférences, les tables rondes ou les podcasts, j’ai pu croiser et écouter une multitude de personnes dont j’admire le travail et la personnalité.

L’organisation est exemplaire, conciliante et souriante, ce qui est rarement le cas de ce genre d’événements. 

Mais il faut bien avouer que ce qui fait le charme si unique du Frames, c’est aussi son cadre. Visuellement déjà, Avignon est une ville agréable qui a su conserver des vestiges des siècles passés et qui fait la part belle aux piétons.

De plus, l’été étant terminé, la foule dans les rues était relativement raisonnable, si bien que le centre-ville affichait les couleurs du Frames Festival à chaque coin de rue (et sur les trottoirs).

Néanmoins, les créateurs peuvent se balader sans provoquer un bain de foule, ce qui est dû à mon dernier point positif : le public.

En effet, le public du Frames est majoritairement composé d’adultes et d’adolescents passionnés, désireux de passer un bon moment dans le respect de chacun.

C’est pour cela que j’espère de tout cœur pouvoir retourner au Frames Festival l’année prochaine.


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